Modo Admin
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| Sujet: Interview de Assia sur Femmes d'algérie (2003) Sam 25 Mar à 0:57 | |
| Avec déjà un album à son actif et un second en prévision, la belle Assia est l’incontestable vedette de ce Festival. Née à Alger et arrivée en France à cinq ans, elle a étudié la musique durant plus de dix ans. A la fois ancrée dans le rap radical du Secteur Ä et dans la variété, elle parvient à conserver une crédibilité, à la fois française, algérienne et kabyle. Cela fait beaucoup de casquettes pour la même femme: "Je n’aime pas me cantonner à un genre, une idée, une pensée", nous raconte-t-elle. "C’est ma ligne conductrice. En musique, j’aime tant de choses donc je ne vais pas me priver pour mon image. C’est vrai que je viens du rap, on m’a d’abord connue sur la scène hip hop avec Ministère A.M.E.R et le Secteur Ä, mais lorsque je fais une incursion dans le monde de Julien Clerc, je n’ai pas l’impression de trahir d’une quelconque manière." La chanteuse assume tout, à l'image de sa triple culture : "Exactement. La culture algérienne est multiple, c’est un melting-pot, comme la française désormais. On peut faire le parallèle entre ce que je fais et ce que je suis aussi car c’est ce que je suis qui fait ce que je fais." C'est la seconde fois qu'Assia est programmée dans ce festival où elle se retrouve parmi les chanteuses traditionnelles mais aussi ragga et R’n'B : "En 1999, c’était une de mes premières scènes. J’ai assisté à la naissance de Souad Massi, c’était génial. Il y avait des vieilles mamies avec leurs guitares électriques qui venaient du fin fond du désert et qui avaient un groove incroyable mélangé aux chants traditionnels. Les gens se succédaient sur scène mais étaient complètement différents les uns des autres. Le public à chaque fois était aussi réceptif à des poèmes déclamés en berbère par une poétesse qu'à des filles telles que Souad ou moi." A l'instar d'Allalou, Assia revendique l'importance du rôle des femmes dans la survie de l'Algérie : "Je pense qu'elles sont la colonne vertébrale de l’Algérie, de la société algérienne. Mais certains ont voulu nier cette prépondérance, cette place qu’elles ont. Dans le monde entier, il y a tant d’endroits où les femmes ont du mal à trouver leur place. Pourtant en Afrique du Nord, il y a eu beaucoup de sociétés matriarcales dans le sud, dans le désert, en Kabylie. C’est vrai qu’il faut aussi essayer de libérer les mentalités et cela, ce n'est pas l’affaire d’une seule génération mais chaque génération apporte sa pierre à l’édifice." Enfin Assia, fille de Kabylie, évoque le courage d’être femme et artiste dans un monde où cela n’est pas toujours accepté: "Ces femmes sont des résistantes de fait! Elles résistent tous les jours par leur existence, le fait de venir aussi à ce festival, bien sûr. Mes ancêtres ont fait le travail avant moi. Ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère étaient déjà des femmes extrêmement actives et féministes. Même dans leurs montagnes en Kabylie, elles se rebellaient déjà à l’époque. Je suis issue de cette lignée-là et on va la perpétuer. C’est vrai que pour moi, c’est beaucoup plus simple, je vis dans un pays ou certes, il y a encore des petites choses à régler comme la parité, mais on a le droit d’exister et la possibilité de faire plein de choses en tant que femme ce qui, hélas, n’est pas forcément le cas dans les pays du Maghreb. Mais cela dépend des familles, du milieu social, de plein de choses. Moi je ne fais que vivre comme on me l’a appris. En totale liberté, morale et physique." | |
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